"Macho+Macho-"

« Quelque temps plus tard, je commençais à peindre des hommes nus, comme si j’avais besoin de me trouver une esthétique propre, moi qui avais vécu comme un homme hétérosexuel jusque-là. Moi, qui avais fait toute sorte de thérapie. Il y a eu une sexologue qui m’avait fait des tests, pour conclure selon elle que j’étais un hétérosexuel non assumé. Mais voyons! J’avais besoin de dire au monde c’est qui je vivais. »

Du Journal d’artiste, Partir c’est mourir, p. 28

Catalogue Macho+Macho-Couverture

Intérieure

Couverture

Projet Macho + Macho –

José Szlam, artiste-peintre / Marie-Charlotte Franco, Ph.D., commissaire

Démarche artistique José Szlam

En tant qu’artiste, je me définis comme un idiosyncratique : à la recherche du chemin personnel et loin des circuits commerciaux par choix. La solitude et l’indifférence sont peut-être l’écueil de cette liberté. Je fais mon travail en tenant compte de mes sentiments, de ma pensé et de ma liberté, loin des tendances et de l’esthétique contemporaine. Au début de ce siècle assez tourmenté, je considère que nous, les artistes, nous devons nous soumettre au refus de la société comme les courants artistiques passés mais à l’indifférence, plus cruelle que le refus

L’ironie est le fer de lance de toute ma recherche artistique, je n’aime pas me prendre au sérieux ni même envisager que d’autres puissent l’être. Après avoir peint les nus au Chili, j’ai donc envoyé un catalogue des œuvres au Pape, la Reine d’Angleterre et bien d’autres. Un prêtre allemand m’a répondu et a dit admirer mon travail. Sans doute était-ce le seul à comprendre mon humour... Mais sans cesse et sans relâche, je poursuis ma quête identitaire.

Dans ces dernières décennies, je me suis surtout intéressé à la manipulation des images, prises en otage dans le monde immense monde des mass medias. Ainsi, je me plais à prendre des photographies, les détourner jusqu’à ce qu’elles deviennent miennes. Dans mon travail, l’image part du terrain libre, multiculturel, démocratique et interminable du web, pour revenir à l’espace de la toile, unique, chaud et réactionnaire.

Mon identité a toujours été un moteur artistique. Tantôt explorée par le nu, mon travail se référait au désir et au besoin personnel d’une esthétique qui puisse intégrer mon propre érotisme, face à l’amour entre les hommes et face à ma propre masculinité. Depuis dix ans maintenant, j’utilise différents médiums pour poursuivre ma quête : l’écriture, le travail de la tâche et du dessin, la surprise du hasard grâce à mon journal Partir c’est mourir et des carnets... La question du corps a été élucidée, il me reste à travailler sur mes sentiments et l’esprit.

Description artistique du projet Macho + Macho – (Macho màs Macho menos)

Exposer les nus de José Szlam à Montréal constitue à la fois un retour et une fin. Débutée il y a vingt-cinq ans au Chili, sa démarche a sans cesse évolué, suivant les tours et détours de ses questionnements, des lieux, des personnes. Né d’un acte politique sous la dictature de Pinochet, il s’agit, pour José Szlam, d’élargir le travail pictural en embrassant l’ensemble de la recherche personnelle. À travers les toiles et les gravures, ce sont les thèmes de l’érotisme, de l’identité sexuelle et de l’amour qui se lient et se délient. Le projet d’exposition se décline en trois espaces-temps. Depuis vingt-cinq ans environ, José Szlam a étayé sa réflexion et poursuivi sa quête identitaire entre l’Amérique latine, l’Europe et l’Amérique du Nord.

Le Chili, l’art qui sort du placard

À travers le projet, nous souhaitons exposer pour la première fois une série de nus masculins produite au Chili dans les années 1980 durant la dictature de Pinochet, – le temps de la répression, de l’auto-censure et de l’indifférence. Être artiste et être gay constituait un double frein, dans un pays ou ni un ni l’autre n’était bien vu. Le corps masculin est exploré à travers des toiles de grand format, aux couleurs éclatantes et lumineuses. Tantôt couchés, tantôt debout, ces hommes regardent pour la plupart l’artiste. Leurs yeux, leur position, leur corps m’interpellent, le poussent dans ses retranchements. Bien sûr, ces portraits sont choquants par leur manque d’intimité et leur invitation à l’acte sexuel, encore amplifié par leur grandeur démesurée. L’artiste, par cette série, cherche sa propre masculinité et son érotisme.

L’entre deux, El Abrazo

Exécutée à la fin de sa résidence au Chili, la série El Abrazo anticipe l’arrivé de José Szlam à Montréal et révèle un moment de transition dans sa quête identitaire. Il utilise alors des photos qu’il détourne, retravaille et interprète selon sa sensibilité. Plus imposantes encore par ses dimensions, l’artiste semble vouloir faire jaillir l’amour mais tout en obligeant à une certaine intimité avec la scène. Les corps s’entremêlent, se fondent l’un dans l’autre sans que nous puissions décerner si ce sont des hommes ou des femmes. La pornographie laisse place à l’érotisme et à la tendresse, à l’affirmation des sentiments.

L’inspiration de Montréal

Montréal, son ambiance, ses couleurs, signent une dernière étape dans cette recherche sur soi et l’amour. José Szlam revient sur le nu masculin tout en explorant de nouvelles formes d’expressions à l’Atelier Circulaire. Son travail se fait alors plus intime, plus diffus voire même abstrait dans ses formes et ses ombres, même si quelques-uns des modèles ressemblent à ceux peints plus tôt. Montréal est apaisante, salvatrice comme si les gravures lui chuchotaient sa vérité, celle qui cherchait, presque en vain.

Coordonnées

Marie-Charlotte Franco, Ph.D., responsable du projet et commissaire

mariecfranco@gmail.com 514-662-2285

José Szlam, artiste-peintre

szlam.jose@gmail.com 514-849-5936