"Ese chico corta rosas"

"Ce garçon coupe de roses",


Collage sur toile, 65 x 54 cm, 1993,

Manifeste de Montréal2013 et d'autres écrits

« La créativité, c'est uniquement ce qui peut se définir et se justifier comme science de la liberté». Joseph Beuys

«Acaso es arte lo que se muestra hoy día en los círculos oficiales como arte contemporáneo? Un arte cerebral sin sentimientos, no es arte, es simple majadería intelectual. '...Pierde su privilegiada posición como fuente de experiencia estética, la cual es la forma momentánea, personal, vigorizadora, que implica la sensación consciente de estar intensamente vivo»

'El fin del arte' Donald Kuspit

«...Un orgasmo del ego»

D.W. Winnicott

El arte contemporaño adolece del mal del alma, preferimos la guarida protectora de la inteligencia, nos orgullecemos manejar la información y la tecnologia. Y sobretodo una necesidad imperiosa de ser reconocidos, sobre todo económicamente, ese es el pináculo del éxito. Esta saga de neoliberalismo nos ha empobrecido el espíritu y nos está robando el alma. La gracia del arte hoy debería ser justamente la aventura del alma, como nunca antes lo había sido.»

José Szlam

Manifeste de Montréal 2013


Art, science de la liberté!

Collectif pour un art multiculturel et démocratique

  • Le Conseil des Arts du Canada, les Conseils des arts provinciaux et municipaux, les organismes culturels financés par l’État, les commissaires assistent les artistes dans leur travail.

Ce sont les artistes qui produisent l'ART.

· Assez de bureaucratie!

Les demandes de subventions ou d’exposition doivent être aussi simples que possible. L’évaluation du projet doit se faire sur une grille objective fondée sur la cohérence du projet et non sur sa tendance artistique. Le temps que les artistes prennent à faire une demande est celui qu’ils perdent dans leur travail de création.

  • Un jury formé démocratiquement

Un jury doit être formé démocratiquement, et chacun des points de vue de ses membres doit être différent. Pouvons-nous croire qu’un artiste d'une tendance peut évaluer un artiste d’une autre tendance? Le jury et la grille d’évaluation doivent être connus avant la date de la remise de la demande.

  • Assez de mystères dans l’information!

Les résultats doivent être soumis en même temps que les raisons du rejet. Les artistes sont des êtres humains, pas des machines, ils ont des sentiments. Un rejet est frustrant, mais un rejet sans motif est pire. Une lettre personnalisée doit décrire les motifs du rejet. Ces organisations ne représentant pas la Cour suprême de la Nation, si un artiste a des preuves suffisantes pour penser que sa demande a été traitée injustement, elles doivent permettre aux artistes de faire appel.

  • Un Ombudsman des arts

Un médiateur pour les arts doit être nommé. Il interviendra dans les conflits et assurera qu’aucun privilège ni censure n’ont lieu dans les organisations ci-haut mentionnées.

  • Arrêtez la censure!

Toutes les tendances ont les mêmes droits, ART et POST-ART. La seule condition exigée du candidat doit être un engagement sérieux et une implication dans le monde des arts.

Pourquoi c'est important

Certains artistes pensent que c’est une pétition, c’est un manifeste! Nous avons voulu réfléchir sur la place et le rôle de l’artiste et de l’art dans la société actuelle.

Nous pensons, tout comme les Indignés, que nous devons, nous aussi, nous indigner collectivement, en sachant bien que changer les choses est très difficile.

1. Nous avons pris l’exemple des institutions de l’État, des organismes subventionnés par l’État et des commissaires pour vous démontrer à quel point nous sommes coincés : ils ont l’argent et les commissaires en ont le contrôle théorique. Ce sont eux qui déterminent quels artistes seront financés et ceux qui pourront exposer leur œuvre. Mais ceux-là qui travaillent en marge sont coincés avec leurs propres moyens, habituellement dérisoires.

2. L’argent, qui n’appartient pas à ces organismes, est l’argent des contribuables. L’argent appartient à tous. Il faut s’indigner de la façon dont ils en font usage.

3. Le pouvoir doit revenir aux artistes, comme l’a écrit le critique d’art Donald Kuspit

‘Il y eut un temps où la tâche de l’artiste consistait à faire de l’art de qualité; maintenant, elle consiste à éviter de faire de l’art de n’importe quelle catégorie. Il y eut un temps où on devait enseigner l’art au public et aux critiques; maintenant, ils sont pleins d’autorité et les artistes, eux, pleins de doutes…’

Art, science de la liberté

Dans une société démocratique pluraliste,

un art multiculturel et pluriel s’impose.

Voilà notre message.


Art, the science of freedom!

A collective for multicultural and democratic art

• The role of the Canada Council for the Arts, the provincial and municipal arts councils, the state financed cultural organizations and the curators is to accompany the artists in their work. It is the artists who produce ART.

• Less red tape!

Applications for grants or exhibitions must be as simple as possible. The assessment of a project must be done against objective evaluation criteria, and based on the consistency of the project and not on its artistic direction. The time that artists spend preparing applications is less time devoted to their creative work.

• Democratically appointed juries

Democratic juries with a diversity of viewpoints. It is hard to believe that an artist of a certain artistic tendency can evaluate objectively another artist of a different tendency. The jury and the evaluation criteria must be known before the application submission deadline.

• More transparency!

The results of an application must be submitted together with the reasons for refusal. Artists are human beings, not machines, they have feelings. A rejection is disheartening, but an unmotivated rejection is even worse. All results should be subject to appeal. None of these organizations is the Supreme Court of the Nation. If an artist has sufficient evidence to believe that his application was unfairly treated, he should be able to appeal the decision.

• The appointment of an Ombudsman for the arts

Mediators for the arts could intervene to resolve conflicts and ensure that there are no privileges or censorship.

• Stop censorship!

All artistic currents have the same rights, art, post-art. The only condition is a serious commitment and involvement in the arts world.

Some artists think this is a petition, but no, it is a manifesto. We wanted to reflect on the place and role of the artist and art in today's society.

We believe, just like the indignant, that we should be collectively outraged, keeping in mind that change is very difficult.

1. We took the example of state institutions, subsidized by the state commissioners to show you how we are stuck organizations: they have the money and the commissioners have the theoretical control. They are the ones that determine which artists will be financed and who will exhibit their work. But those who work on the fringes are stuck with their own means, often ridiculous means.

2. Money, which does not belong to these organizations, is taxpayers' money. The money belongs to everyone. We should be indignant about how they use it.

3. Power must return to artists, as wrote the art critic Donald Kuspit:

'There was a time when the task of the artist was to make good art, and now it is to avoid making art of any category. There was a time when you had to teach art in the public and critics, and now they are full of authority and the artists themselves, full of doubts ... '

Art, science of freedom.

In a pluralistic democratic society, a multicultural and plural art is required.

That is our message. Stand united, say NO to the art they want to impose!


Une lettre de désamour

Montréal, 6 juillet 2013

Je voudrais, par cette lettre, mettre un point final, chose assez difficile, à une histoire d’espoir, d’illusion, d’amour… puis de désamour.

Vous savez, quand on a vécu en dictature, on idéalise la démocratie, même celle du Big Brother dans laquelle nous vivons actuellement.

Argentin, juif, d’origine polonaise, ayant vécu en Argentine sous la dictature des militaires et au Chili sous la dictature de Pinochet, ayant été étouffé, blessé ou ayant disparu, je cherchais ma terre promise, moi qui vivais comme un juif dans la diaspora.

Voilà que j’ai dû immigrer au Canada, pour une meilleure vie, et ma vie a changé, mes moyens financiers aussi.

Quand je suis arrivé au Québec, je pensais y trouver ma terre promise et la liberté et le bonheur, non rencontrés ailleurs. Je pensais qu’ici j’aurais des moyens pour faire fleurir mon art et mon humble personne.

Je ne savais pas encore que la terre promise n’existe pas, c’est un idéal.

Pendant les années d’intégration à mon nouvel habitat, j’ai travaillé, travaillé, travaillé. Et dans les heures obscures de la nuit, j’écrivais, je faisais du design, je ramassais de vieilles et de nouvelles histoires, j’étais en train de réaliser un journal d’artiste dans lequel, mélangeant temps et situations, je racontais mon histoire d’immigration. Une histoire de désolation, de discrimination, mais aussi d’espoir. Que ferions-nous sans l’espoir?

De nouveaux temps sont arrivés, et aujourd’hui je suis dédié à temps complet à mon art. Moi, qui avais choisi la liberté, de ne pas vivre de mon art, de ne pas me commercialiser, de ne pas entrer dans la sacrée chapelle du succès social, longtemps j’avais dû attendre pour m’y consacrer.

Je construis cette œuvre avec mon propre effort et la solidarité d’amis de la diaspora. Mais j’ai vite réalisé que la solidarité n’existe pas, ici, dans cette société où tout doit se payer.

Alors, je me suis dit d’aller chercher l’appui de l’État, des organismes d’appui à l’art. Je commençais à chercher l’argent pour faire mon journal, puis pour le publier; je ne le trouvais pas. Quatre, cinq, six demandes ont été faites, une seule réponse, de refus, sans en donner les raisons. Quelqu’un, un fonctionnaire du Conseil des arts du Québec, m’avait dit : votre projet, tout en étant assez personnel, trouverait difficilement du financement. Réponse assez bizarre. J’ai fini par emprunter l’argent, 2 000 dollars, j’en ai récupéré 250, grâce à l’achat d’un exemplaire par La Bibliothèque Nationale de Québec et la satisfaction de l’avoir fait après dix années de travail.

J’ai eu l’appui du Montréal arts interculturels (MAI). Ils m’ont prêté la cafétéria pour le lancement de mon journal (200 dollars). J’ai pensé à ce moment-là que peut-être les choses allaient commencer à changer pour moi et mon art.

J’ai compris que je n’obtiendrai jamais une bourse ou une place dans votre système, je suis un marginal, je ne sers pas vos intérêts.

J’ai compris à la fin que je n’ai pas besoin de vous pour continuer à produire mon art. Je fais de l’art parce c’est un besoin, je le fais par VOCATION, non pas par professionnalisme. Vous, les organismes, les fonctionnaires, les commissaires et les artistes, qui jouez votre jeu, vous êtes des professionnels. Pas moi, je déteste le mot professionnel dans l’art.

Je suis sincèrement déçu de cette démocratie des élites, de votre manque de clarté, d’autant de bureaucratie, d’autant de mensonges et d’hypocrisie, peut-être suis-je très sensible à l’injustice.

Voilà qu’il y a des universités qui offrent des cours pour apprendre à présenter une demande et il y a ceux qui se spécialisent dans cette affaire et chargent des honoraires. Je vous questionne, car je dénonce la façon que vous avez de nous aider, c’est du paternalisme et de la manipulation dans la création artistique. Vous êtes des organismes anachroniques et oligarques.

Voilà, ma lettre de désamour.

Et comme dit le boléro :

Je doute, je doute...

Que vous allez trouver un amour plus pure,

que celui que vous avez en moi.

Vous trouverez mille aventures sans amour,

mais pas illusion sincère,

comme celle que je vous donne.

Sincèrement,

José Szlam